Lectures bibliques : Za 12, 10-11a ; 13,1 – Ps 62 (63) – Ga 3, 26-29 – Lc 9, 18-24

 

 

 

Si vous êtes présents cet après-midi dans cette cathédrale déployée, c’est que d’une manière ou d’une autre vous connaissez José que l’Eglise appelle à devenir diacre.

 

Vous êtes de sa famille, des amis, des collègues de travail à Conforama, ses voisins de quartier, paroissiens de La Queue-en-Brie, ou des autres paroisses du secteur, vous êtes diacres permanents et vous êtes heureux de l’accueillir dans la famille diaconale, vous êtes prêtres, mais cette ordination rappelle, comme à l’évêque que je suis, que nous sommes toujours diacres, serviteurs du Seigneur, et de nos frères.

 

L’Evangile que nous venons d’entendre est exigeant. Jésus questionne ses disciples et les bouscule :

 

« Au dire de foules, qui suis-je ? »

 

Ils répètent ce qu’ils entendent autour d’eux :

 

« Jean le Baptiste,

 

   Elie,

 

   un prophète »

 

Ces réponses ne les impliquent pas personnellement elles ne les engagent pas, elles restent extérieures à eux-mêmes.

 

Alors Jésus leur adresse une question directe à laquelle ils ne peuvent plus se dérober :

 

« et vous, que dites-vous ?

 

Pour vous, qui suis-je ? »

 

Seul Pierre prend la parole, mais c’est au nom de tous les autres, et dit à Jésus

 

« Le Christ, le Messie de Dieu »

 

Ces mêmes questions, Jésus les adresse à nous aujourd’hui, car l’Evangile n’est pas seulement un texte du passé, mais une parole vivante pour nous aujourd’hui, il n’est pas seulement un message, mais aussi un visage, celui de Jésus de Nazareth qui s’est fait reconnaître par Pierre comme le Christ, l’envoyé, le Messie de Dieu.

 

« Au dire des hommes, qui suis-je ? »

 

Personne n’a jamais parlé comme lui. C’est un sage, un prophète. Beaucoup de ceux qui nous entourent ne le connaissent pas, n’ont pas entendu parler de lui.

 

Mais Jésus désire nous impliquer personnellement et nous dit, comme aux disciples :

 

« et vous, que dites-vous ?

 

   Pour vous, qui suis-je ? »                  (court silence)

 

Dans ce court temps de silence, chacun a pu répondre personnellement.

 

José, lui, a pris le temps d’y répondre, cette question le taraude depuis sa jeunesse, il a cherché, rencontré des épreuves, mais elle a rejailli.

 

Pour vous, ses collègues, ses voisins, José rayonne de vie et de joie, et vous découvrez peut-être aujourd’hui quelle est la source de cette joie : la certitude d’être aimés de Dieu, sa foi en Jésus-Christ, son engagement au service de ses frères.

 

Par lui, d’une manière plus ou moins claire, vous vous sentez reliés à Dieu, à Jésus-Christ. Lui-même, sur sa route, a rencontré des témoins qui lui ont montré le chemin du Christ. Par ces témoins il a découvert d’autres chrétiens, il a vécu sa foi non pas seul mais avec d’autres, en Eglise, dont notre rassemblement de ce jour est le signe.

 

Pour José, et pour nous, nous pouvons reprendre les paroles du Pape Benoît XVI et reprises par le Pape François :

 

« A l’origine du fait chrétien il n’y a pas une décision éthique, une grande idée, mais la rencontre avec un événement, une personne qui donne à la vie un nouvel horizon, et par là une orientation décisive. »

 

José a fait cette rencontre qui donne une orientation décisive à sa vie :

 

« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera. »

 

José, comme baptisé, a revêtu le Christ, mais lui-même, ceux qui le  connaissent, ceux qui en ont mission, ont discerné qu’il était appelé à revêtir la tenue de service, à être comme diacre un visage de Jésus serviteur pour ses frères.

 

José, par l’ordination, va recevoir un don, celui de l’Esprit-Saint. Par l’imposition des mains de l’évêque, successeur des Apôtres, car c’est ainsi que l’Eglise transmet le don de l’Esprit, il va être uni, configuré à Jésus serviteur. Il va revêtir pour toujours l’habit du serviteur.

 

Le ministère du diacre est à la fois visible et discret, dans l’Eglise comme dans la société. Il n’est pas restreint à ce qui se vit dans le culte, la célébration des baptêmes, des mariages, la proclamation de l’Evangile. Il est un ministère de sortie, tourné vers toutes les personnes en recherche, vers ceux qui se sentent marginalisés et exclus ; le service est au cœur de la société pour tous dans le milieu professionnel, dans le voisinage, les relations associatives.

 

Le serviteur n’attire pas le regard sur lui-même, mais sur le Christ, et sur ceux qu’il sert.

 

Pourtant dans ce ministère, et par la mission particulière qui lui sera donnée, le nouveau diacre va nous rappeler une dimension essentielle de la vocation et la mission de l’Eglise au même titre que l’annonce de l’Evangile et la célébration des sacrements : le service de l’Amour, la solidarité. Il nous rappellera à tous que le service, nous ne pouvons pas seulement le déléguer à des organismes spécialisés comme le Secours Catholique, la Société Saint-Vincent de Paul et autres organismes de solidarité. Nous sommes tous invités à vivre la vocation fondamentale du baptisé : revêtir le Christ, revêtir l’habit du serviteur.

 

Cela demande une implication, un engagement personnel qui détermine la direction que nous donnons à notre vie, le don de soi.

 

« Celui qui veut sauver sa vie la perdra,

 

   mais celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. »

 

+ Michel Santier

 

Evêque de Créteil